Fin de cavale pour Jean-Pierre Treiber
L'homme des bois vivait dans un appartement
Jean-Pierre Treiber aurait-il eu envie d'être le Mesrine des années 2009 ? Après dix semaines de cavale, le fugitif dépeint dans les médias comme un homme des bois, solitaire, un Koh-Lanta à lui seul... Dormait tous les soirs dans un appartement chaud, certes sur un matelas simplement posé au sol, mais pas sur une terre humide, dans le froid, sous la pluie ! Et puis, il n'était pas si seul Monsieur le cavaleur...
Il pensait pouvoir narguer la fine fleur de la police française pendant encore de longs mois, du moins jusqu'à son procès devant les Assises de l'Yonne en avril 2010 ! Mais sa folle cavale n'aura guère duré : Jean-Pierre Treiber a été interpellé vendredi 20 novembre par les policiers d'élite du Raid au cinquième étage d'un immeuble de Melun (Seine-et-Marne).
16 h 25. Les policiers du Raid investissent l’immeuble de six étages du 30, rue Dajot à Melun A pas de velours
tels des félins en chasse, ils gagnent le cinquième étage, dans la cage d’escalier jaune citron, et enfoncent la porte de l’appartement 61. Jean-Pierre Treiber, un peu grognon et pas vraiment
satisfait de ces invités surprises, ne fait toutefois pas de vague lors de l'interpellation, selon la police.
Placé en garde à vue par l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), à Nanterre (Hauts-de-Seine), l'ancien garde-chasse a été incarcéré, non pas à Auxerre, mais à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, le soir même, car selon le Procureur d'Auxerre, François Pérain, "elle nous apparaît plus adaptée au profil de M. Treiber", évoquant un site "plus sécurisé". De son temps, Jacques Mesrine a également été placé en détention provisoire dans cette prison. Reste à savoir si Jean-Pierre Treiber essayera de s'évader une nouvelle fois comme pouvait le faire l'ennemie public n°1 ?
Parallèlement, trois couples soupçonnés d'avoir assisté leur «ami» Jean-Pierre Treiber dans sa cavale ont été placés en garde à vue à Melun, dans le cadre d'une instruction ouverte pour «recel de malfaiteurs», et devraient être déférés à Auxerre dimanche 22 novembre. C'est en effet dans l'appartement de l'un des couples que les policiers du Raid ont déniché le fugitif.
Des lettres dérangeantes.
Dans sa dernière lettre, Le fugitif auxerrois affirmait fièrement qu'il n’avait "quasiment plus de dentifrice. Je ne sais pas à quoi je vais ressembler quand tout cela sera fini. Au moins les
sangliers et les cerfs ne se plaignent pas de mon odeur. (...) Koh-Lanta, c'est du pipi de chat à côté de ce que je fais", écrit-il. Depuis le 8 septembre, l'homme le plus recherché de
France s'est bien amusé à narguer la police. Les successions de lettres publiées dans Paris Match ont dû énerver en haut lieu...
Après avoir révélé l'interpellation, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux s'est félicité qu' "à la suite de la reddition de Tony Musulin, après une cavale de quelques jours, et la découverte de la plus grande partie du butin du vol, c'est donc un deuxième succès majeur à mettre au crédit de la police nationale". Dénonçant une médiatisation "qui consistait à faire passer un homme qui a été renvoyé devant la cour d'assises pour un double assassinat" pour "une sorte de Robin des bois", Me Francis Szpiner, avocat de la famille Giraud, s'est quant à lui "réjoui" de l'interpellation de Jean-Pierre Treiber.
L'assassin présumé de Géraldine Giraud et de Khatia Lherbier va surement continuer de clamer son innocence derrière les barreaux. Il a encore quelques mois pour mettre en place avec son avocat, Maitre Dupont-Moretti, un stratagème, cette fois-ci légale, pour se défendre en avril 2010.
Virginie Maillard
Source : LeFigaro.fr et LeParisien.fr
L'évasion de Jean-Pierre Treiber
Jean-Pierre Treiber s'est évadé le 8 septembre de la prison d’Auxerre alors qu’il travaillait dans un atelier. Il a profité du chargement d’un camion pour se glisser dans une des caisses. Suspect dans une affaire de double meurtre, il était incarcéré en attendant son procès qui doit avoir lieu en avril 2010 aux Assises de l'Yonne.
Chronologie de l'affaire Giraud (Le Parisien)
1er novembre 2004. 20 h 8, Géraldine Giraud téléphone depuis La Postolle (Yonne) à une amie, sa dernière trace de vie avant sa disparition et celle de son amie Katia Lherbier.
23 novembre. Jean-Pierre Treiber, ancien garde forestier de 41 ans, est arrêté en possession des cartes
bancaires des deux femmes, il est placé en garde à vue.
25 novembre. Jean-Pierre Treiber est mis en examen pour « enlèvements, séquestrations, vols et escroqueries » et écroué.
9 décembre. Les corps de Géraldine, 36 ans, et Katia, 32 ans, sont retrouvés au fond d’un puisard dans la propriété de Jean-Pierre Treiber à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne).
15 décembre. Découverte chez Jean-Pierre Treiber d’un rouleau adhésif similaire à celui ayant servi à bâillonner l’une des victimes. Il recèle deux ADN inconnus.
20 décembre. Jean-Pierre Treiber est mis en examen pour « assassinats ».
6 janvier 2005. Selon les experts, les deux jeunes femmes seraient mortes après avoir inhalé de la chloropicrine, un gaz toxique utilisé dans les milieux de la chasse.
1er mars. La tante de Géraldine Giraud, Marie-Christine Van Kempen, est placée en garde à vue, des traces de chloroforme ayant été retrouvées dans sa cave. Elle est remise en liberté.
15 novembre. Interpellation de huit personnes en Seine-et-Marne dans l’entourage de Treiber. Elles sont remises en liberté.
24 et 25 novembre. Marie-Christine Van Kempen et Patricia Darbeau, amie de Treiber, sont interpellées, mises en examen et écrouées pour « complicité d’assassinats ».
Février 2006. Marie-Christine Van Kempen et Patricia Darbeau sont remises en liberté.
Octobre. Coup de gueule de Roland Giraud sur France 2. Le comédien estime que le juge Mickaël Ghir, chargé de l’instruction, a conduit son enquête trop lentement et qu’il est victime « du syndrome d’Outreau ».
13 octobre 2008. Marie-Christine Van Kempen et Patricia Darbeau obtiennent un non-lieu.
Janvier 2009. Le non-lieu est confirmé en appel.
8 septembre 2009. Jean-Pierre Treiber s’évade de la prison d’Auxerre en se dissimulant dans un carton qui
faisait partie d’un chargement destiné à une commune de l’Yonne.
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