L'avenir des cabanes sauvages
Vias : les cabanes de la “Côte Ouest”bientôt légalisées ?
La cabanisation, sur la côte ouest de Vias près d’Agde, c’est 2 400 propriétés dans une commune de... 4 354 habitants ! Même si une centaine de familles seulement vivent là toute l’année, ce n’est pas rien.
Pierre Charpentier et Marie-Thérèse Aubertin, anciens Auxerrois à la retraite, vivent ici en permanence depuis six ans. “Notre mobil-home est notre résidence principale. Elle a été reconnue par la préfecture.”
Au départ, en 1977, quand ils achètent le terrain (2 400 € les 1 200 m2), c’est seulement pour les vacances. Puis, en 1993, la mairie* autorise les résidents à laisser le mobil-home toute l’année. Elle accepte même que les vacanciers construisent une petite terrasse de 6 m2. Afin de se protéger du vent, le couple ferme cette avancée. “Après ces travaux, le logement est devenu confortable et habitable toute l’année.”
Ils décident alors de s’y installer pour leur retraite. En 2001.
Mini-village
Pour installer l’eau et l’électricité, le couple et les autres habitants de la “Côte Ouest” se constituent en association syndicale libre (ASL), par quartier. Ce mini-village est ainsi divisé en sept ASL. Pierre Charpentier est le président de “l’ASL des Peupliers”.
Les 350 occupants des Peupliers sont copropriétaires du compteur d’eau, du transformateur EDF et chacun est propriétaire de son terrain. Ils ont une fosse septique, de l’eau potable et sont réglementés par la DASS (Direction des affaires sanitaires et sociales), la préfecture et la mairie.
Alors pourquoi dérangent-ils? Parce qu’ils ne paient pas la taxe d’habitation et foncière ? “Chaque propriétaire est prêt à la payer mais la mairie ne veut pas. Nous demandons que ça, d’être en règle !” À l’année, les seules taxes qu’ils versent sont de... 41,10 euros par emplacement. Toutefois, “cette population estivale a permis de développer l’économie de Vias. Sans nous, la ville ne serait pas la même aujourd’hui”, avancent les résidents.
Et voilà que la mairie se met en tête, depuis quelques saisons, d’arrêter l’expansion de la “Côte Ouest”. “Certains ont abusé du laxisme du maire”*, reconnaît Marie-Thérèse Aubertin. En effet, quelques propriétaires d’une des sept ASL ont acheté des terrains et installé des mobil-homes qu’ils louent l’année. La mairie de Vias a porté plainte. Les propriétaires-loueurs ont perdu, ils ont fait appel.
Fin de la cabanisation ? Dès le 5 octobre prochain, un décret national stipule que tout mobil-home installé sur un terrain n’appartenant pas à un parc résidentiel de loisirs (PRL) ou à un terrain de camping, ou encore à un village de vacances, sera démonté illico.
Compromis
Aussitôt les sept ASL de la “Côte Ouest” se rassemblent en Association des propriétaires de la côte ouest de Vias (APCOV) et constituent un dossier de PRL, qui sera déposé en septembre prochain à la préfecture.
Si le projet est accepté, les propriétaires pourront laisser leur mobil-home toute l’année. En revanche, ils devront y habiter seulement six mois de l’année.
Un compromis qui devrait permettre à la fois de ne rien casser tout en encadrant sérieusement le phénomène. Le couple auxerrois ne déménagera pas. “Nous prendrons probablement un petit appartement dans Vias en complément, ou alors, l’hiver, nous irons passer quelques mois chez nos enfants, à Auxerre.”
Virginie Maillard
* La Gazette a tenté en vain de joindre Michel Saint-Blancat, maire, à plusieurs reprises jeudi et lundi...
Photo Guillaume BonnefontArticle paru dans La Gazette de Montpellier du n° 1002 - Du 30 août au 5 septembre 2007