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Publié par Virginie Maillard

Bip,… Bip,… : c’est un être humain derrière la caisse


Les caisses sont vides. Celles de l’Etat. On sait. Mais aujourd’hui ce sont celles des supermarchés et hypermarchés qui sont désertes.

Les caissières, ces mégères qui font la tête à longueur de temps, sont en grève pour dénoncer leurs conditions de travail et demandent une revalorisation de salaire. Bip,… Bip,… Un bruit unique toute la journée.


Un bonjour Monsieur. Bonjour Madame. Même dit avec le sourire, dans la plupart des cas, pas de réponse. Le client est roi. La caissière se tait et subit en silence ce mépris. Ou bien, un bonjour futile émet de leur bouche. Et, les jours de miracle, c’est un sourire et même parfois une discussion qui s'engage. Mais là, il faut pas rêver, il n’y a qu’un habitué pour discuter. « On nous prend pour des machines. Nous sommes des êtres humains », se plaint une caissière, interviewée sur France Info.


« Nous sommes souvent prises pour des illettrées »


« Au revoir, bonne journée Monsieur, Madame. » Pas de réponse. Le client est bien trop occupé à vérifier s’il n’y a pas d’erreurs sur le ticket de caisse. Trois pas en avant. Arrêt du client juste au bout de la caisse. Comptage et vérification de son chariot. Cinq minutes passent. Et Monsieur s’en va pour laisser sa place au prochain qui recommencera la même démarche. « Ils n’ont pas confiance en nous. Nous sommes souvent prises pour des illettrées, raconte Sophie, 21 ans, étudiante et caissière à mi-temps dans un supermarché à Sézanne (Marne). Je viens toutes mes vacances et tous les samedis. Ça me fait un petit revenu tous les mois. »

 Un peu plus de 250 euros par mois pour 39 heures de travaille. « Je fais 9 heures par jour. Et le midi, j’ai le droit à une heure de pause déjeuner. Le matin, 5 minutes de pause pipi. Envie ou pas, c’est mon tour sur la liste, alors j’y vais. Idem pour l’après midi. 5 minutes », poursuit l'étudiante. Et si elle osait prendre 6 minutes ? « Impossible ! Tu te fais réprimander. »


Le sourire difficile


Le matin. Même combat. On court à la minute près. 9h29. Sophie arrive. Elle commence à travailler à 9h30. « Tu le fais exprès d’arriver en retard ?, s’énerve la chef des caissières. A 9h30, ta caisse doit être installée et tu dois commencer à travailler. Demain matin, tu viens à 9h25 à la caisse centrale (ndlr : lieu où la caissière récupère les fonds de sa caisse) ». Sophie s’insurge en arrivant à son poste : « Le soir, quand tu demandes à fermer 5 minutes avant, si tu as des clients, tu dois les passer. Au final, tu finis toujours 10 voire 15 minutes après l’heure initiale ». Sur un mois, Sophie travaille une heure non payée… même en arrivant à 9h29 !

 « Dans ces conditions, ce n’est pas toujours facile d’avoir le sourire toute la journée. Dans mon cas, ce n’est que temporaire. Mais, celles qui exercent toute l’année, en ont ras-le-bol de ce traitement. Sans oublier les clients désagréables ou ceux qui s’énervent sur toi parce qu’un prix ne passe pas. Je comprends qu’elles fassent grève.»

Toutefois, Sophie reste positive. Cette expérience de caissière lui rappelle tous les samedis qu’elle doit décrocher son diplôme. Un leitmotiv hebdomadaire bénéfique pour la réussite professionnelle.

 

Virginie Maillard

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