Portrait : Russes à Montpellier
Pas facile de s’adapter quand on est une poupée russe
“À Mauguio, j’ai tout. La mer, la montagne, mon mari et Paris”,témoigne Alona Audzeyenka, une jeune mariée biélorusse de 30 ans. À Mauguio depuis six ans, Alona a eu deux coups de coeur :le paysage français et son mari.
En été 2001, elle rencontre son premier coup de coeur. “J’étais venue 15 jours en vacances chez ma cousine à Sète. Son mari avait un ami célibataire, Jean-Claude. Nous sommes tombés amoureux. Je me suis mariée.”
L’adaptation à la vie française est un parcours du combattant. Déjà, l’apprentissage de la langue, “c’est difficile d’apprendre le français”. Puis les surprises alimentaires. “Le pire ? La découverte du camembert dans le frigo de mon futur mari. Quand j’ai vu cette couche de moisissure blanche, j’ai été e. Je l’ai pris du bout des doigts et je l’ai jeté à la poubelle”, se souvient-elle en riant. En Biélorussie, le fromage ressemble plutôt au gouda.
Quant au style de vie des Françaises, c’est le drame. En Biélorussie*, les femmes prennent soin de leur apparence. Elles sortent maquillées et bien habillées. “Quand j’ai vu une femme faire ses courses en survêtement et sans maquillage, j’ai été choquée”, confie-t-elle, les yeux soulignés d’un trait noir et d’un fard à paupières orange. Les poupées russes, ce n’est pas qu’un conte pour enfant !
Et le travail ? Alona était lieutenant chez les pompiers. Elle travaillait 45 heures dans les bureaux. Dès qu’un accident important survenait, jour ou nuit, elle partait sur le terrain aider ses collègues. À Mauguio, sa vie professionnelle est plus régulière.
Saunas
Elle est embauchée comme préparatrice de commande dans un supermarché à 35 heures par semaine. “Le poste me convient. J’ai des horaires souples qui me laissent le temps de m’occuper de mon fils.” Même si son métier est moins fatigant, elle regrette ses week-ends à la “datcha” (maison de campagne). “Chez moi, nous avons une vraie coupure le week-end. Nous partons toujours en famille ou entre amis. C’est un moment de détente et d’échange.”
La datcha est un lieu convivial. Les garçons d’un côté et les filles de l’autre se réunissent dans les saunas. “On se raconte nos petits secrets entre filles.”
Quitter Mauguio et retourner à Minsk, sa ville natale ? Impossible. “La France est mon deuxième coup de coeur. Je ne veux plus partir.” Pourtant sa famille et ses amis lui manquent. Encore un exemple où l’amour triomphe.Virginie Maillard
* La Biélorussie (la “Russie blanche”) s’est engagée avec la Russie dans un processus d’union de type confédéral. Russie et Biélorussie étaient étroitement liées depuis 1772 jusqu’à la déclaration d’indépendance de la Biélorussie en 1991. Il y a une forte population russe en Biélorussie.Photo Guillaume BonnefontArticle paru dans La Gazette de Montpellier du n° 1007 - Du 4 au 10 octobre 2007