Débat : Campagne de pub contre l'anorexie
Pub contre l’anorexie :
faut-il passer la photo ?
“En regardant autour de moi, je me disais que je n’étais pas la pire”, témoigne Amélie*, 27 ans, ancienne anorexique. Il y a quatre ans, cette Montpelliéraine pesait 38 kilos pour 1,67 m, aujourd’hui elle stabilise son poids à 50 kilos. Quand Amélie voit la campagne de pub du photographe italien Oliviero Toscani, où Isabelle Caro, 25 ans, malade depuis douze ans, pose nue, elle est surprise. “Cette image est choquante pour les personnes extérieures à la maladie,commente Amélie. Mais en revanche, ce cliché incite les malades à se dire qu’il y a pire qu’elles, à relativiser leur état.”
L’opinion du professeur Jacques Bringer, chef de service des maladies endocriniennes, est mitigée à propos de cette photo. Il estime que cette publicité peut-être utile aux parents. “Certains font semblant de ne pas voir l’état de leur enfant. La dureté de l’image peut les faire réagir.” Utile aussi aux jeunes filles qui sont au début du processus anorexique : “L’aspect physique de cette jeune Française peut les faire arrêter.”
Mais pour les autres, les personnes anorexiques, il le dit tout net : la campagne de pub est inutile. “En voyant la photo, les jeunes filles anorexiques se diront : “Elle est maigre mais pas moi.” Les malades n‘ont plus conscience de leur silhouette. Quand on leur demande de choisir une photo de morphologie qui corresponde à la leur, les patientes pointent du doigt un corps plus gros que le leur.”
Qu’elle soit utile ou pas, le Bureau de la vérification de la publicité a interdit cette campagne de pub en France.
Virginie Maillard
* Le prénom a été changé.
Photo visible sur www.nolita.it
Article paru dans La Gazette de Montpellier du n° 1007 - Du 4 au 10 octobre 2007